Pourquoi les femmes sont-elles plus prudentes sur la route que les hommes ?

À l’aube des grands départs estivaux en vacances – et des retours –, la Sécurité routière lance une nouvelle campagne contre la vitesse au volant. Parmi les chiffres qui y sont avancés, on découvre que 83 % des auteurs présumés d’accidents mortels seraient des hommes. Y a-t-il une explication dépassant la simple question du nombre de kilomètres parcourus ? Marie-Axelle Granié, docteur en psychologie sociale du développement, s’est penchée sur la question pour France Bleu.

Un niveau de testostérone élevé

Les femmes conduisent en général moins vite et commettent moins d’infractions, déclare l’experte. Elles sont plus prudentes que les hommes. Les hommes sont, plus que les femmes, dans la recherche de sensations à cause du niveau de testostérone élevé. Il y a aussi des facteurs culturels et sociaux. La prise de risque, la compétition, la domination, l’indépendance face aux règles, participent grandement à ce qui définit le masculin dans nos sociétés. Beaucoup d’hommes vont chercher à prouver leur virilité en se conformant à ces attentes sociales, en prenant des risques, en allant vite, en transgressant les règles.

Aller lentement, est-ce être un conducteur incompétent ?

Interrogée sur le sexisme ambiant autour de la question de la conduite féminine et du misogyne adage « femmes au volant, mort au tournant », Marie-Axelle Granié réplique. [L’expression] associe le féminin avec l’incompétence au volant. Un signe de cette incompétence présumée serait leur lenteur au volant, comme elle est attribuée aux conducteurs âgés. Aller vite, c’est être un conducteur compétent, aller lentement, c’est être un conducteur incompétent. On éduque dès l’enfance les filles à l’idée qu’elles doivent prendre en compte les autres, s’occuper des autres, se soumettre à la volonté des adultes, obéir et éviter les risques, qui relèvent, eux, du masculin, parce qu’est véhiculée aussi l’idée que la fille est vulnérable, fragile. Cette plus grande prudence et conformité ne sont pas liées au sexe biologique, mais aux attentes sociales liées à la féminité.